EAU CHAUDE A TOUS LES ÉTAGES
Avoir l’eau chaude à disposition était durant les années 50 un indéniable luxe.
Les particuliers quant à eux vivaient – surtout en province – dans des immeubles où l’eau était tirée ” à la pompe ” quand il y en avait une dans le jardin ou bien depuis un robinet situé parfois au pied de l’immeuble.
On remontait alors des brocs d’eau destinés aux besoins immédiats. Cela ne s’invente pas, nos ainés l’ont vécu. Cette ère semble sans doute préhistorique aux plus jeunes d’entre nous ?
Car n’oublions pas que la population de l’époque avait parfois traversé deux guerres et ce côté spartiate ne lui faisait pas peur, d’autant moins que tous et toutes n’avaient rien connu d’autre.
Les femmes d’alors se devaient d’être ” tirées à quatre épingles ” les coiffures nettes sans aucune mèche tombante ; quand on compare cela aux têtes ébouriffées et aux actuels jeans déchirés délibérément un peu partout … une telle tenue eut fait scandale et n’était du reste pas même imaginable !
L’action se déroule à Paris en 1955, en un lieu baptisé ” Hôtel Moderne ” et nous sommes à la veille du Salon des Arts Ménagers. Souvenez-vous, un an plus tard, parfaitement au diapason, Boris Vian allait composer sa célèbre ” complainte du progrès. “
Le patron n’est pas là et quand le chat est sorti les souris dansent ! … Elles sont quatre employées de l’hôtel qui rêvent d’avenir, de modernisme et de liberté. Parfois l’une d’elle emprunte une robe qui va lui permettre de s’offrir une soirée au-dessus de sa condition et en reviendra un peu ” pompette ” commentaires et confidences s’échangent alors, projets d’avenir aussi.
Leur tenue de chaque jour consiste en de petites robes rayées toutes simples aux tons pastels, rehaussées d’un col blanc – amidonné bien sûr – et leurs chaussures sont de sages escarpins à talons bottiers.
Leur répertoire ? … les opérettes évidemment, qui à l’époque formaient encore la base de toute culture musicale. Le rock n’allait pas tarder à s’imposer et prendre de plus en plus de place mais d’évidence, ne constituait pas leur ” tasse de thé. ” du moins pour le moment.
D’autant que l’on savait encore ce que chanter voulait dire et pour être plus claire il fallait pour cela que la voix fut placée. C’est le cas pour toutes ici et l’habileté de chacune révèle indubitablement les années d’expérience, le quatuor Ariane ayant on le sait, fait ses preuves.
Gabaroche, cela vous dit quelque chose ? Peut-être pas mais nul ne peut ignorer Offenbach ni Arthur Honnegger ou Reynaldo Hahn sans oublier André Messager, Christiné (un autre roi de l’opérette) ainsi que Maurice Yvain …
Pour ceux qui ne connaîtraient pas, c’est le moment ou jamais de se documenter puisque le tout s’écoute avec plaisir. Quelques représentations pour cette fin-Avril mais également en Mai sont prévues à l’Auguste-Théâtre, ensuite ce sera du 5 au 27 juillet en Avignon.
Vous l’avez compris : virtuosité, joie et bonne humeur sont au rendez-vous.
Simone Alexandre, Theatrauteurs – 22 avril 2019